juste pour lancer le sujet entrouvert par Stephane assez revolutionnaire.
"il faut refuser l'à-priori et la grimace préalable, refuser tout ce qui est antérieur à l'action elle-même. Il faut partir du verbe pour créer le sentiment, pas le contraire. Ne pas se mettre dans le sentiment pour ensuite y plaquer les mots de l'auteur. Ce qui se passe la plupart du temps est tout autre. La plupart des comédiens arrivent sur scène et pensent qu'à partir de là l'identité du personnage est acquise et qu'il suffit de la mettre en jeu. Ce type de jeu est totalement sans intérêt"
«le personnage de théâtre s'invente à l'instant même où il se produit sur scène. Il échappe à la psychanalyse, car il est toujours dans l'instant de la parole. Ainsi il ne censure pas sa parole, il dit tout de lui-même. Chaque mot, chaque phrase, chaque intention est l'émanation d'un processus de création d'identité du personnage. Le personnage qui reçoit la parole de l'autre personnage ne doit jamais lui répondre. Il doit prendre la parole de l'autre pour se constituer lui-même comme personnage. Chaque mot est un matériau de création identitaire.»
"AK-Vous avez sûrement participé, ou assisté à des improvisations où les répliques se diluaient dans un verbiage inconsistant.
- Oui, celles auxquelles j'ai pris part étaient tout à fait hasardeuses. Nous n'avions pour ainsi dire aucun canevas, et chacun y allait de ses répliques au petit bonheur la chance.
AK- Le manque de définition claire des enjeux relationnels ajoutait sans doute à l'aléatoire. Mais dans l'esprit de celles et ceux qui improvisaient il y avait surtout cette confusion entre temps réel de l'expression d'une pensée, d'un sentiment, et temps fictif, S'ils avaient un seul instant songé à la nature singulière du dialogue théâtrale, ils ne se seraient probablement pas aventurés dans une entreprise vouée à la médiocrité. On peut noter que les improvisations qui n'ont pas été précédées par l'élaboration d'un canevas et d'une étude approfondie de quelques-unes des conditions du dialogue condamneront toujours les acteurs à osciller entre 5 type de comportement :
1. Parler sans se déplacer ou se déplacer sans parler.
2. S'asseoir, rester immobile, et demeurer laconique.
3. Ne pas rester en place, et parler abondamment.
4. Chercher à oublier son corps en se livrant à toutes sortes de contorsions, et s'abandonner à un délire verbal.
5. S'accrocher à des accessoires (meubles, objets, etc.) et figer son langage dans des propos secondaires.
- Je suis d'accord avec cette critique mais j'observe que vous ne parlez pas de la commedia dell'arte. Quand ils avaient mis au point leur canevas, les comédiens italiens se mettaient à improviser immédiatement, et cela ne les empêchait ni de créer des dialogues inventifs, ni de jouer avec toutes les ressources de leur corps.
AK- Les comédiens italiens avaient réglé la question corporelle avant de commencer à jouer. Vous le savez comme moi, les personnages de la commedia dell'arte étaient typés, leur langage gestuel était fondé sur des codes précis, immuables. Cela dispensait les acteurs d'avoir à inventer conjointement un dialogue et des mises en jeux corporelles."
quelques précisions, Knapp s'apuie parfois sur certains textes dramatiques
Dans la même veine
http://www.nac-cna.ca/fr/theatrefrancais/0910/hippocampe/entretien.cfm
Tout ceci semble bien entendu éloigné du match, mais contribue à la reflexion sur ce qu'est qu'improviser.