[Discussion] Etre pour devenir !

Je continue mon petit bonhomme de chemin au sujet des caucus et des débuts d’improvisation, je vais m’intéresser à la mixte dans les propos qui suivent.

J’ai eu la chance d’assister à une master class de mime en début de mois à Nice.

Outre les courbatures et autres craquements non identifiés, j’ai retenu une phrase :

Il faut d’abord « être » pour pouvoir « devenir ».

Je vais détourner un peu le sens du « être » dans le mime pour adapter cette réflexion à l’improvisation.

Je trouve cette phrase très intéressante dans le cadre des débuts d’improvisation. Combien de fois, j’ai vu un joueur rentrer avec un personnage très très fort (Posture, accent, mimique, physique, etc ) mais incapable de jouer avec l’autre et peu tourné vers la construction.

Comme si la composition du personnage prenait toute la place et qu’il n’y avait « plus d’espace » pour l’échange et la construction.

Si je reviens sur la citation : « être pour devenir », cela voudrait dire que l’on doit arriver avec une proposition (« être ») mais en ayant en tête que c’est une proposition de départ qui est vouée à devenir autre chose au contact de l’autre et de la rencontre (« devenir »).

Il faut donc proposer une situation de départ ou un personnage laissant de la place à cette évolution.

Pour imager mon propos, je vais proposer un exercice et faire un petit croquis : la marguerite du personnage (Greg Cogitation Copyright ;-)

Le principe est de proposer au joueur qui a été choisi pour rentrer (admettons que c’est le fonctionnement de l’équipe de choisir avant l’énoncé du thème) de tirer un pétale unique à la marguerite en début de caucus pour composer son personnage.

Impossible de prendre plusieurs pétales et donc de faire un personnage trop chargé avec plusieurs « contraintes ».



Physique fort : Le personnage boite, à une démarche spécifique, à une bosse, etc.

Voix : Accent, tic de langage ou encore modulation de la voix.

Statut : Installe un lien ou une relation avec l’autre joueur (Maitre / esclave, Riche / pauvre, etc.)

Emotion : Choix d’une émotion de départ (Colère, joie, tristesse, mélancolie, etc.)

Espace : Contrainte d’espace, chemin imaginaire, espace interdit dans la patinoire, etc.

Occupation : Le personnage a un métier ou une occupation qui va dicter ses premiers gestes.

Ensuite, on peut s'amuser à utiliser plusieurs « outils » pour faire passer son message, en même temps ou par intermittence :

Le verbe

Les regards

La précision des gestes

Les rythmes de respiration

Les silences

tres interessant ce "etre pour devenir". De ce que tu dis je retiens une chose tres importante quand a ton schema : ne pas prendre tous les petales !
Cote emotion:
Je reflechis aussi de mon cote a l'evolution psychologique du personnage, chose qui a mon sens n'a ete que peu aborde car difficile a mettre en oeuvre dans une impro. Si l'emotion de depart est un bon moteur (car bien exploitee par l'autre joueur et celui qui joue cette emotion, elle peut etre le point de depart d'une situation) il est souvent difficile de se contenter de cette emotion. En effet la situation de depart que les deux joueurs vont decouvrir ensemble va emmener soit a une quete soit a un conflit.
Hors s'il est interessant de demarrer avec une emotion, je serai curieux de savoir (et j'aimerai l'essayer en entrainement) ce que cela donnerait de se donner une emotion secondaire.
J'entends par la qu'il y a les emotions "principales" : amour, haine, tristesse, et joie. Mais egalement un panel tres marque d'emotion secondaires: prenons par exemple la jalousie. cela pourrait etre interessant de se dire : je commence une improvisation avec une emotion principale "prenons la tristesse, mais mon personnage est egalement quelqu'un de tres jaloux (emotion secondaire)". Je ne suis pas oblige d'exploiter cette emotion secondaire dans un premier temps, je peux me servir uniquement de l'emotion principale, mais je peux decider de transiter vers l'emotion secondaire au fur et a mesure de l'impro. Voila, une reflexion qui me vient suite a une conversation avec Bougo sur le travail du personnage qu'il nous detaillera dans l'un des entrainements a venir, mais en comparee, je me dis que la transition emotion principale, emotion secondaire peut marquer le Qui en mixte et etre (et devenir ;-) ) un moteur de jeu.

Petit rappel, je rentre sur scène j' interprete un personnage. Je ne peux pas être mon personnage. Même si ce personnage se nourrit de ce que je suis, je dois distinguer ma pensée d'acteur et la pensée de mon personnage. Le vrai jeu c'est quand ma pensée d'acteur disparait completement. Celà implique que tous les outils du comédien improvisateurs deviennent des automatismes.


L'erreur tres courrante, comme vous l'avez si bien remarquer,est de penser que l'important c'est l'exterieur du personnage. (Evidemment me direz vous c'est ce que le public voit et la volonté de briller en match d'impro...)On voit donc enormément d'improvisateurs entrer sur scène avec des personnages "au taquet", voir souvent en surjeu. Nous ne sommes pas tous egaux dans le jeu et là où certains seront capables de tout faire avec un personnage caricatural d'autres ne seront que bloqués dans un personnage mono étatique leur prenant toute leur energie et les empechant d'être dans l'écoute.

Autre rappel, au thèatre, le jeu se fait avec au moins un partenaire (oui je sais il y a des monologues), en impro on doit retrouver ce contact avec son partenaire (avec la difficulté propre au match de ne le connaitre parfois depuis 2h). Malheureusement trop de ligue, ne voit dans ce jeu qu'un affrontement de one man show. Adieu l'histoire! Vite faire rire! mais avec quoi avec mon beau gros perso digne de comédiens de patronnage. Oh mais ça plait au public!!! Je lui donne ce qu'il veut!! Un public , il faut le déranger , l'emmener où l'on a choisit!

Viola Spolin nous dit "Who, What, Where"
Qui je suis!
Ce que je faits , veut faire!
Où!

En mixte le où risque souvent de devoir être abandonner par une des équipes.

Donc la phrase de "il faut être pour pouvoir devenir" , on pourrait dire "il faut savoir qui je suis pour vivre une histoire"


Je suis plus septique quant à la marguerite, même si je suis pleinement d'accord avec son but limitatif.
Je ne penses pas que tout ses pétales soit du même ordre.
Pour moi l'occupation est obligatoire.
Le statut résulte de la rencontre avec l'autre.
l'espace une contrainte (à ne reserver qu'a des joueurs expérimentés ou à des comparées).
L'émotion (l'état) ne peut servir qu'a l'explication du What de départ et doit surtout être maitrisé pour s'adapter à la situation (mort au personnage mono étatique)
Les autres sont du costumes virtuels.


Je ne penses pas qu'envoyer quelqu'un sur scène avec seulement le pétale accent soit raisonnable.

Je searit donc pour au coeur de cette marguerite le Who, What (where ), un état pouvant résulté du what. Et ensuite d'accord pour limiter à un choix voir zero des pétales costumes virtuels, suivant les capacités du joueurs.

Citation :

Donc la phrase de "il faut être pour pouvoir devenir" , on pourrait dire "il faut savoir qui je suis pour vivre une histoire"

Je suis plus septique quant à la marguerite, même si je suis pleinement d'accord avec son but limitatif.

Je ne penses pas qu'envoyer quelqu'un sur scène avec seulement le pétale accent soit raisonnable.

Je serait donc pour au cœur de cette marguerite le Who, What (where ), un état pouvant résulté du what.

Je te rejoints Bougo, l’exercice ou la « notion » de la marguerite du personnage arrive en complément du caucus, bien entendu.

Il s’agit d’un outil limitatif mais pas d’un caucus en soit, le but étant d’ouvrir la palette de propositions de chaque joueur et d’explorer d’autres pistes d'expression plus en nuances.

la difficulté est de faire vivre son perso et de donner du sens à l'histoire.
Aussi lors du caucus celui qui y va part chargé des différents éléments enoncés brillament ci dessus. (perso je suis d'accord pour qu'il n'y ai plu de scénario en mixte. temps perdu) mais dans la meusure où l'arbitre l'autorise (2 joueurs mini par équipe) ne devrait on pas deja decider de qui entre en second, lui chargé de faire avancé l'histoire (( sois sous forme de conteur beaucoup utilisé par d'autre équipe) on voit que dans certaine équipe il y a un monsieur conteur qui va ammener l'impro sur un terrain qui sera toujours ou souvent plus favorable à l'équipe du conteur) vous noterez la double parenthese, vieu truc de matheueueueu.
mais revenons à notre sujet, de la même façon que l'on decide de qui entre en premier il faut dans une mixte penser dessuite à qui entre en second.
cela induit aussi le fait de savoir si l'on aurait pas interêt lors de la constitution d'une équipe de penser à un Mr ou une Mme conteur ou conteuse, clé de decoinssage de toute situation.
cela veut dire aussi peut être des entrainements "spécial conteur..."

pour moi le caucus devrait être :
1. Quel joueur entre en 1er dans la patinoire
2. Personnage : qui est-il ?
3. Emotion ou Sensation ou Attribut
4. Quête

Exemple 1 :
1. Cathy entre en lead
2. Une aristocrate
3. qui a faim (sensation contradictoire avec le statut du perso pour trouver un intérêt à l'histoire)
4. et qui doit se nourrir
>>> à partir de là tout peut arriver et l'histoire peut s'improviser :
- le perso peut persécuter un plus faible que lui
- il peut perdre sa quête et mourir
- il peut vendre son âme au diable, etc...

Exemple 2 :
1. Bertrand entre en lead
2. Un paysan
3. il ne lui reste qu'une graine
4. il doit passer l'hiver

Exemple 3 :
1. Bougo entre en lead
2. Un médecin
3. il est hypocondriaque
4. comment faire pour se soigner

Exemple 4 :
2. Greg entre en lead
2. un journaliste à qui tout réussi
3. ironique voir sadique
4. devenir gentil et compatissant

bla bla bla

dans ta description cat dès lors où l'on est en mixte il faut prendre le lead, mais j'avoue avoir un certain plaisir dans certaine impro à laisser le lead et laisser l'autre joueur m'embarquer dans son monde, après rebondir et dans la deuxieme partie de l'impro suite à un évenement reprendre la main
mais pour le caucus, apparament il y a l'unanimité et là tu entre avec un perso et les bases d'un deroulement d'histoire.

Attention, quand je dis lead c'est pour dire quel joueur dans l'équipe entre en premier sur la patinoire.

L'objet de ma réflexion porte sur ce que peut revêtir ton personnage pour qu'il ai une identité et un attrait particulier qu'il peut faire vivre dans une impro (mais pas d'attributs trop lourds à porter) sans écraser le joueur d'en face... le but étant d'improviser une histoire à deux sans imposer un caucus... puisque tu n'as pas de trame d'histoire et que se sont ces deux joueurs qui vont la créer sur l'instant...

De cette manière, je pense, qu'on part avec moins d'handicap au départ.

Enfin les 2 personnages se rencontrent et vivent une situation qu'ils font évoluer...

Les joueurs sur le banc doivent être en écoute absolue et prêt à bondir pour le service si besoin est... il ne s'agit pas nécessairement d'amener un nouveau moteur à l'histoire.

D'ailleurs il faut bien faire la différence entre le service qui consolide/crédibilise ce qu'un joueur vient d'apporter à l'histoire...
et le moteur qui relance une histoire tombant à plat ou pataugeant (retard de jeu, confusion, etc...).

Pour revenir au caucus, je me rends compte au contact des autres ligues et équipes que plus ils sont expérimentés plus ils lachent ce qui les sécurisent... à savoir un caucus bien bordé...
Souvent ils partent à poils (pas de perso) et trouvent un perso à incarner en franchissant la patinoire ;
ou alors les 20' de caucus servent à choisir le perso, se remémorer ses attributs, l'incarner pour qu'il soit prêt quand l'arbitre siffle le début de l'impro.

Autre chose...
De ce fait, exit les 30' de mise en place ou d'observation, l'impro commence tout de suite !

J'ai remarqué que l'AIA pendant les matchs se faisait souvent prendre de cours (à cause de ces fameuses 30' d'observation) et que de ce fait le jouteur d'en face prenait les choses en main et nous emmenait/baladait là où il le souhaitait et sur son terrain... du coup difficile pour l'AIA d'amener ses idées et d'être à l'aise avec ce qui est en train de se dérouler.

Je crois finalement que l'impro mixte c'est un passage de témoin d'un jouteur à l'autre...
Joueur 1 : Tiens voilà je t'apporte une idée... on va l'exploiter
Joueur 2 : Ok merci je l'exploite et je rebondis dessus
Joueur 1 : Cool je poursuis ton rebondissement
Joueur 2 : Merci on continue à faire vivre nos personnages
Joueur 1 : Tiens je te fais un nouveau cadeau
Joueur 2 : Merci mais il est empoisonner ou wouah merci c'est super je suis heureux
Fin de l'impro... les 2 joueurs ont improvisé ensemble, les 2 perso se sont rencontrés et nous ont raconté leur histoire commune (qu'ils ne connaissaient pas y'a même pas 2 min)